dimanche 21 mars 2010

Le jeu de la mort…Une expérience inquiétante.

Cette semaine, je suis incapable de vous parlez d’autre chose que cette expérience réalisée par France 2 intitulée le jeu de la mort, présenté sous forme de documentaire-fiction.
La chaine a élaboré un faux jeu-questionnaire où des participants crédules obéissent aux ordres d’administrer des électrochocs à un homme, qui est en fait un acteur, jusqu’à ce qu’il semble décédé.
Le but : Démontrer un peu à la manière du psychologue américain Stanley Milgram , qui en 1960 avait fait une expérience similaire cherchant à évaluer le degré d'obéissance d'un individu devant une autorité qu'il juge légitime et à analyser le processus de soumission à l'autorité. Notamment quand elle induit des actions qui posent des problèmes de conscience au sujet.
À la différence près que Milgram avait pour figure d’autorité un scientifique en sarrau blanc.
Alors que France 2 utilisa une simple animatrice de jeux télé, en n’y ajoutant un public. La tentation des 5 minutes de gloire des années 2000 oblige !

Je vous mets en scène ladite expérience en reproduisant ici le texte de canoë:

Les recruteurs ont déniché 80 «concurrents» prêts à participer à une véritable émission de télé intitulée Zone Xtreme. Chaque participant rencontrait un homme qui était selon ce que leur faisait croire, un autre concurrent (mais qui était en réalité un acteur) qui devait répondre à une série de questions tout en étant attaché à une chaise électrique dans un isoloir.
Dans un jeu d’associations de mots, l’acteur qui jouait le rôle de Jean-Paul est puni par électrochocs de 20 à 460 volts chaque fois qu’il répond incorrectement à la question. Les décharges sont administrées par l’autre concurrent.
Tandis que les mauvaises réponses fusaient invariablement et que le voltage augmentait, l’animatrice, une présentatrice météo renommée de la chaîne France-2, encourageait le participant à ne pas broncher devant ses cris d’agonie. Le public animé ajoutait à la pression.
L’identité des concurrents n’a pas été dévoilée, mais leur visage était bien en vue pendant l’émission.
Jean-Paul continuait de répondre incorrectement et le voltage augmentait. Il suppliait «Laissez-moi sortir! Je ne veux plus jouer!» Finalement, il cessait de répondre et se taisait, même si les décharges continuaient. Les concurrents étaient de plus en plus énervés, mais on leur demandait de continuer. La majorité d’entre eux l’ont fait.
Finalement, 81 pour cent des concurrents ont fait monter le voltage au maximum, à un niveau potentiellement mortel, selon L'Expérience extrême, un livre rédigé par Christophe Nick, le producteur. Seulement 16 personnes parmi les 80 participants se sont retirées.

16 sur 80!!! 64 personnes ont fait monter la charge au maximum, voyant et entendant souffrir un concurrent qu’ils croyaient réel avec une charge qu’ils croyaient aussi réelle???
Comment peut-on choisir délibérément de faire souffrir par notre décision un être humain pour qui la seule faute fut de donner des réponses erronées à un jeu télé???
Et ce, même si le candidat hurlait sa douleur, suppliait de cesser les charges…

La raison évoquée : l’animatrice investie du pouvoir dans ce jeu le demandait en dissuadant le concurrent de se laisser attendrir et le public en voulait encore et encore. Les concurrents sentaient donc une grande pression pour le faire. Y étant fortement encouragé par l’animatrice et la foule le réclamant à grands cris.
Ça me fait vraiment peur, cette folie collective pouvant s’installer si facilement dans nos sociétés modernes se croyant très évoluées et éduquées.
Le fait est que 81% des personnes présentes ont fait preuve d’une violence gratuite et barbare. Et ce, pour la simple cause d’un jeu télévisé!
Ça nous ramène à l’époque des forums romains ou la foule utilisait son pouvoir de vie ou de mort sur un gladiateur. Cette barbarie pris fin avec Honorius empereur d’occident en 404 après Jésus Crist…
Et qu’arriverait-il si un nouvel Hitler se présentait à nous? Vous êtes convaincu que ce n’est pas la même chose?
Vous avez raison, ce serait pire! Hitler dans sa folie était beaucoup plus éloquent que cette animatrice. Qu’adviendrait-il si un spécimen dans son genre, habile à maitriser les médias voyait le jour?
Je trouve cette expérience très inquiétante, car elle démontre que 81% des individus ont été inaptes à faire preuve de discernement, encore moins de jugement et le plus préoccupant; d’aucune empathie pour un être humain.
Soit parce qu’ils en tiraient plaisir ou parce qu’ils étaient incapables de défier l’autorité, si ridicule soit-elle.
Jamais la peur d’être jugé par la foule, une animatrice télé, toutes figures d’autorités possible, ou mon entourage, ne m’aurais empêché de refuser d’infliger un supplice à un être humain. Jamais.
J’ai toujours cru que mon libre arbitre passait bien devant les règles établies. Bien que nous devions en respecter plusieurs pour vivre en société. Personne, si importante ou bien pensante soit-elle ne me fera renoncer au droit que j’ai de réfléchir et de refuser des choses, des situations, ou une conduite que j'estime malsaine, irrespectueuse des autres et de moi-même ou abusive.
Il est vrai que j’ai fréquemment un petit côté anticonformiste, mais on ne m’astreindra jamais à des comportements pour lesquels je ne pourrais plus me regarder dans une glace.
Ça m’inquiète drôlement que 81% de ces gens enivrés, ou croulant sous la pression de la foule et d’une animatrice n’ont pas trouvé la force de refuser d’infliger ces traitements.
C’est de cette façon que se créent des folies collectives meurtrières depuis toujours. En 2010, rien n’a véritablement évolué, à part que maintenant en prime il y a des caméras.
Big Brother lui-même ne croyait pas avoir autant de pouvoir…